Après vous avoir exposé les tenants et aboutissants d'une anche double dans un précédent billet, il est aujourd'hui temps de vous présenter chaque membre de la famille du hautbois, du plus aigu au plus grave.
Hautbois :
Forêt de hautbois en concert |
Instrument de référence de la famille, il est en ut (do). En orchestre, le 1er
hautbois a la lourde responsabilité de donner le LA aux autres musiciens afin
que chacun puisse s'accorder. Si certaines mauvaises langues disent que c'est
parce qu'il est préférable de s'accorder sur l'instrument le plus faux, moi
j'affirme que c'est parce que tout le monde se tait et s'incline devant un
instrument d'une telle majesté. Côté répertoire, il a de quoi s'exprimer dans
de très nombreux concertos et cantates baroques, de Bach et Telemann notamment.
Même si le siècle romantique n'est pas celui où il s'exprime le plus, Schubert
lui a écrit une petite chose très sympathique dans sa symphonie n°8 inachevée.
Côté français, le 2ème mouvement de la 1ère symphonie de Bizet ou encore le
Tombeau de Couperin de Ravel pour n'en citer que deux.
Extrait du 2ème mouvement de la 1ère symphonie de Bizet (en Ut)
par l'Orchestre National de l'ORTF, dirigé par Jean Martinon
Hautbois d'amour :
Trio de hautbois d'amour |
Communément appelé "love biniou" dans certaines contrées bretonnes et
grande-bretonnes très reculées, il est en la et sonne donc une tierce en
dessous du hautbois. C'est l'alto de la famille. Son pavillon en forme de poire
lui confère un son plus rond et moelleux que le hautbois. On l'entend rarement
ce qui est vraiment dommage mais surtout,
on ne sait pas toujours que c'est lui. Par exemple, dans le célébrissime
Boléro de Ravel, ce n'est pas le hautbois qui joue le thème mais le hautbois
d'amour.
Extrait du concerto pour Hautbois d'amour en La Majeur BWV 155 de Jean-Sébastien Bach
Interprété par Philippe Pélissier et le Collegium Musicum de Moscou
Deux cors anglais d'un coup |
Bien que son nom pourrait l'indiquer, il ne vient pas d'outre-manche mais de la forme que lui confère son bocal (forme un angle d'où "anglé" déformé en "anglais"), sorte de petit tuyau entre l'instrument et l'anche, permettant d'agrandir sa longueur sans avoir à mettre des rallonges aux bras des instrumentistes. Ténor de la famille, il est en fa et sonne donc une quinte en dessous du hautbois. On l'entend parfois à l'orchestre dans des solos à faire vibrer une bonne demi-douzaine d'anches non grattées tellement que c'est beau, mélodieux voire sensuel. Si ça ne vous dit rien ou pas grand chose, alors replongez vos oreilles dans l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini, La Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak ou encore la Scène aux Champs de la Symphonie Fantastique de Berlioz et vous vous sentirez sans aucun doute rempli d'un incontrôlable trop plein d'émotion. Ah, le son du cor anglais le soir au fond des bois…
extrait du 2ème mouvement de la 9ème Symphonie d'Antonin Dvorak
par l'Orchestre Philharmonique de Vienne, dirigé par Herbert Von Karajan
Hautbois baryton :
Long comme 2 hautbois mis bout à bout, il est en do et sonne à l'octave exacte de ce dernier. En termes de tessiture, il fait lien entre la famille des hautbois et celle des bassons. Extrêmement rare, surtout à l'orchestre, on le trouve essentiellement dans les bandes de hautbois. On peut l'entendre toutefois dans plusieurs mouvements des Planètes de Holst, notamment Saturne. Un compositeur audacieux, Alexandre Ouzounoff, l'a même projeté sur le devant de la scène dans un dixtuor pour anches doubles où il joue carrément le rôle de soliste.
Un hautbois baryton tout seul |
Long comme 2 hautbois mis bout à bout, il est en do et sonne à l'octave exacte de ce dernier. En termes de tessiture, il fait lien entre la famille des hautbois et celle des bassons. Extrêmement rare, surtout à l'orchestre, on le trouve essentiellement dans les bandes de hautbois. On peut l'entendre toutefois dans plusieurs mouvements des Planètes de Holst, notamment Saturne. Un compositeur audacieux, Alexandre Ouzounoff, l'a même projeté sur le devant de la scène dans un dixtuor pour anches doubles où il joue carrément le rôle de soliste.
extrait de Saturne, une des Planètes de Gustav Holst
interprété par le London Symphony Orchestra, dirigé par Richard Hickox
Le hautbois a de nombreux aïeux (chalémie, hautbois baroque, cromorne…) et cousins (heckelphone, bombarde, hautbois musette…). Si vous souhaitez les découvrir, RDV sur le net ou, encore mieux, dans des musées comme La Cité de la Musique à Paris ou le très recommandable Musée des Instruments à Vent de La Couture Boussey dans l'Eure.
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