C'était samedi
20 octobre 2018 à la Chapelle Royale de Versailles*
Jean-Baptiste
LULLY (1632-1687) - Te Deum
Heinrich
Ignaz Franz BIBER (1644-1704) - Missa Salisburgensis
Collegium
1704 et Collegium Vocale 1704 de Prague avec les Pages du CMBV, dirigés par le
chef tchèque, Vaclav Luks.
Finalement,
des concerts exceptionnels il y en a régulièrement, soit un soliste hors norme,
soit un orchestre particulièrement brillant ou un chef inspiré, soit encore un
ensemble ou des interprètes rares au concert, mais là nous allons parler d’une
œuvre exceptionnelle aux dimensions particulièrement hors normes.
Je
prends la liberté de citer un bref passage du commentaire du chef V. Luks
figurant dans le programme.
« La Missa Salisburgensis de Biber,
écrite en 1682, est une œuvre unique dans le répertoire baroque, et du point de
vue de son effectif, la plus volumineuse partition des XVII° et XVIII° siècles.
On dénombre cinquante-trois voix divisées en deux chœurs, six ensembles
instrumentaux, comprenant entre autres, seize solistes, dix trompettes et deux
timbales, sans compter tous les autres instruments que Biber avait à sa
disposition pour concevoir cette œuvre inspirée par l’espace de la Cathédrale
de Salsbourg. »
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Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704) |
Bien
sûr il y a des effectifs colossaux dans le Requiem de Berlioz ou sa
Symphonie funèbre et triomphale, ainsi que chez Malher pour la Symphonie dite
« des mille » ou bien pour la Sinfonietta de Janacek avec ses 12
trompettes, toutes des œuvres romantiques ou du XX° siècle. Mais aujourd’hui,
il s’agit d’une œuvre de la période baroque à 53 voix distinctes !
… un petit pas en arrière …
J’ai
connu cette œuvre superbe il y a déjà pas mal d’année, en 1974, par un vinyle
33t.
Hé
oui, presque la pré-histoire ! à tel point que l’auteur n’avait pas encore
été identifié et que l’enregistrement du Collegium Aureum et du Tölzer
Knabenchor portait la mention
« anonyme ». Inutile de vous dire que c’est un disque que j’ai
beaucoup écouté :
En
1998 une nouvelle version est parue en CD par « Musica Antiqua Köln »
et les « Gabrieli Consort Players », avec ce coup-ci l’identification
de Biber comme compositeur. CD que j’ai également beaucoup écouté et fait
partager à de nombreux amis musiciens et mélomanes :
Bref,
revenons au samedi 20 octobre, premier jour des vacances de la Toussaint, et ce
concert grandiose dans la Chapelle Royale de Versailles, encore sous les
échafaudages pour la restauration de sa toiture. Au programme pour débuter, le
Te Deum de Lully (1677), déjà une œuvre qui ne peut pas laisser indifférent.
Composée pour le baptême de son fils et par la suite exécutée de nombreuses
fois pour différents événements jusqu’à ce jour fatal de 1686 ou Lully se
blessa au pied en dirigeant son Te Deum, ce qui provoqua la gangrène qui finit
par l’emporter.
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Plafond de la Chapelle Royale de Versailles |
Une
somptueuse musique, bien « à la française », élégante et raffinée, parfaitement
adaptée au bel écrin de la Chapelle Royale, un pur plaisir ! Des parties
de hautbois très présentes et superbement exécutées ce qui a rajouté un plaisir à
des oreilles d'hautboïste.
Entracte
et … le grand frisson à l’idée d’entendre cette immense Messe de Biber que je
ne pensais pas un jour pouvoir écouter en direct, tellement cela semble être une
prouesse de trouver à la fois, un lieu adapté pour cet effectif imposant, des
interprètes et un chef à la hauteur pour un tel monument musical.
Magnifique
émotion procurée dès les premières mesures, chœurs, cuivres et timbales,
orchestres qui donnent la pleine puissance majestueuse de leurs différentes
sonorités.
Tout
simplement bouleversant ! Un moment extrêmement intense, j’ai eu
l’impression que tout le public vibrait à l’unisson d’entendre cette musique
(mais c’est peut-être parce que moi j’aime cette œuvre depuis longtemps et que
j’idéalise un peu le fait de l’entendre en concert !!!).
J’ai
vraiment ressenti un intense plaisir durant les cinquante et quelques minutes
de la Messe, dont de nombreux passages inspirés permettent d’entendre les
magnifiques voix solistes, les instruments plus doux comme les flûtes à bec,
les hautbois, tous soutenus par un continuo performant et infaillible.
Claude Villevieille
* Ce programme tellement exceptionnel aura été donné seulement quatre fois :
* Ce programme tellement exceptionnel aura été donné seulement quatre fois :
Versailles le 20, Prague le 22, Dresde le 23
et Rome le 25 octobre 2018.
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